Une main tâtonne dans le noir à la recherche d’un disjoncteur qu’elle savait être tout proche.
Au fur et à mesure de sa progression, elle passe sur différentes formes familières. La figurine d’un personnage de BD, divers objets geeks, un livre ou deux… quand enfin elle trouve ce qu’elle cherchait.
**KLANG**
Le disjoncteur vient de s’enclencher, produisant son effet. Des néons s’allument en clignotant péniblement dans un bruit métallique caractéristique.
La lumière révèle une salle pleine de poussière, une salle dans laquelle personne n’est venu depuis 2018.
Cette salle, vous venez d’y pénétrer en même temps que moi.
Cette salle qui ne demande qu’à reprendre vie, qu’à s’activer encore une fois pour le plaisir de partager diverses choses et divers machins.
Cette salle, c’est mon bon vieux blog que j’ai lâchement abandonné.
Bon, peut être que le terme est fort.
Mais quand même, c’est vrai que ça date.
Que s’est il passé en 6 ans ?
D’abord, et avant tout, un déménagement, un Covid, beaucoup de boulot et du temps de vie de parent bien occupé.
Et puis, à l’époque, j’avais eu le sentiment d’avoir fait le tour du sujet.
Je ne savais plus trop de quoi parler. J’avais abordé de nombreux sujets à destination des jeunes parents, et plus temps passait moins j’étais moi même un jeune parent.
Aujourd’hui, j’ai 43 ans. Mes enfants ont presque 13 ans et presque 10 ans.
Je ne suis clairement plus un jeune parent. Officiellement, je ne suis même pas jeune tout court.
Passer la barre de la quarantaine était à la fois un exercice redouté et curieusement satisfaisant.
En fait, c’était même très étrange. Les dizaines fonctionnement bizarrement.
Voici comment j’ai perçu la dizaine de mes 30 ans.
De 30 ans à 33 ans : j’étais jeune trentenaire.
De 34 ans à 36 ans : j’étais encore un peu jeune trentenaire, mais nettement plus frais qu’un de ces quarantenaires bedonnant et défraîchis.
De 37 à 39, 99 ans : Il fallait se faire une raison, la quarantaine était au bout de la ligne droite. C’était imminent. J’ai commencé à changer de regard sur les quarantenaires qui étaient finalement des gens comme moi. Ou presque.
Et puis, j’ai eu 40 ans le 4 janvier 2021. Joyeux anniversaire en zoom, covid oblige.
C’était flou, c’était virtuel mais c’était malgré tout tangible et concret.
La première année de mes quarante ans, j’étais jeune quarantenaire.
– T’as quel âge ?
– 40 ans tout pile.
– Aïe, c’est dur ?
– Non, franchement ça va.
Puis vient 41. C’est encore un peu 40 franchement.
Puis 42. Celui là, ça va. C’est l’âge Geek grâce à la fameuse référence 42 du livre « Le guide galactique » de Douglas Adams. Je vous le recommande chaudement si jamais vous ne l’aviez pas lu.
Puis, j’ai eu 43 ans.
Et là, on rentre dans le dur.
Je pourrais continuer à me voiler la face.
Je pourrais continuer à me dire que je suis plus proche de la quarantaine, voire même presque encore un petit peu dans la trentaine !
Mais je crois qu’il vaut mieux tourner le regard de l’autre côté. Il vaut mieux faire face à la montagne plutôt que de la gravir à contre sens.
Je voudrais vous partager ici deux réflexions qui m’ont fait un peu changer d’avis sur l’importance de mon âge.
D’abord, je crois fondamentalement qu’on est toujours le jeune de quelqu’un, ET le vieux de quelqu’un. Il y aura toujours des personnes plus âgées que vous pour vous dire « 40 ans ? Ha ! J’aimerais bien revenir à mes 40 ans. »
Ces gens là sont sympas, ils vous rajeunissent…
Et dans le même temps, vos enfants grandissent et pour leurs potes, vous n’êtes qu’un daron ou une daronne (pardon pour le choc de cette révélation).
Pour les jeunes de 20 ans, ou de 30 ans, vous êtes vieux.
Alors, c’est là qu’il ne faut pas se laisser définir par le regard des autres et par le jeunissisme de la société. Vous êtes avant tout qui vous êtes, pas un chiffre, pas une date de naissance.
Vous avez encore énormément de choses à faire, à construire, à expérimenter. Il y a encore bien plus de choses que vous n’avez jamais essayé dans la vie que de choses que vous avez déjà faites.
Il y a plus de livres et de films que vous n’avez pas lu/vu que l’inverse.
La deuxième pensée que je voulais vous partager est la suivante.
L’autre jour, je voyais un couple de jeunes parents qui promenaient leur enfant en poussette. Il n’y a encore pas si longtemps, je me serai comparé à eux. J’aurais chercher les points communs entre eux et moi pour essayer de me raccrocher à cette idée que, hey moi aussi je suis comme vous ! Que moi aussi je suis un jeune parent et pas un vieux daron bedonnant.
Et puis, je me suis souvenu.
Souvenu de la galère du jeune parent, les doutes, les questions, les peurs. Mais aussi la logistique infernale, la fatigue, le fait de devoir jongler en permanence entre la vie perso, la vie pro, la vie de couple. A quel point tout ceci est difficile et épuisant.
Souvenu aussi de mes doutes professionnels, de mon incapacité à me projeter, à me vendre sur le marché de la photographie.
A 43 ans, je ne suis plus un junior. Ni un junior papa, ni un junior photographe. Je suis un expert.
J’ai bâti, construit des bases sur lesquelles je peux m’appuyer. J’ai l’expérience et le recul pour analyser les situations avec plus de calme.
Bien sûr, rien n’est jamais facile. J’ai toujours de nouveaux défis et de nouveaux doutes qui arrivent.
Bien sûr, je continue à me former et à apprendre de nouvelles choses.
Mais d’une manière générale, j’ai clos le combat de la construction propre à la trentaine et je n’en n’éprouve aucune frustration.
Je laisse cette étape de ma vie à d’autres, et j’embrasse avec réalisme et passion cet âge qui est le mien.
Je suis impatient de voir ce que mes enfants vont devenir, ce que nous allons pouvoir continuer à nous apprendre mutuellement, partager et échanger.
J’ai hâte de continuer à me voir grandir en stature de photographe.
J’ai hâte de continuer à assumer d’être qui je suis, plein de projets et d’enthousiasme communicatif.
Si je suis dans cet état d’esprit positif, c’est aussi beaucoup grâce à ma femme Olivia avec qui nous traversons ensemble cette aventure de la vie.
Chaque jour n’est pas facile, mais nous sommes une équipe, une famille.
Si ce témoignage peut vous aider à mieux vivre un peu votre virage de la quarantaine, alors j’en suis ravi !
Je rouvre ce blog, je veux lui donner un nouveau sens. De quoi vais-je y parler ?
Je ne sais pas encore exactement, mais l’envie d’écrire et de partager est toujours aussi présente.
Y aura-t-il encore des gens pour le lire ?
Ce sera à vous de me le dire.
En tout cas, pour l’instant je suis très heureux d’écrire ces lignes.
Alors, on se dit à bientôt ?