Je sais, ça va vous choquer : J’ai bientôt 32 ans et je n’ai jamais eu de CDI. Je suis Freelance, un terme qui évoque bien des fantasmes, dont celui de travailler de chez soi en caleçon pour gagner des clopinettes. Et malgré ça, je n’ai pas attendu (ni même cherché) le sacro-saint CDI avant de faire un enfant et d’acheter une maison. Ce n’est pas de l’inconscience de ma part, au contraire c’était parfaitement calculé car être freelance et jeune parent est parfaitement compatible ! Allez, tordons le cou à quelques idées reçues…
Le schéma classique de la vie de famille dans l’inconscient collectif est celui où les deux parents travaillent, et rentrent tard à la maison. Cela implique un travail à plein temps, stable, et donc forcément un CDI.
Mais voilà, force est de constater que le CDI est une espèce en voie de disparition et que si vous passez votre vie à l’attendre, vous risquez de finir par ne jamais faire d’enfants.
D’un autre côté, travailler comme freelance est souvent perçu avec une aura négative. Le Freelance, quel que soit son métier d’ailleurs, est celui qui se lève tard, peut vivre sans se laver pendant 4 jours, qui passe une bonne partie de sa journée devant la TV ou les jeux vidéos, et qui ne gagne pas beaucoup d’argent.
Non seulement je ne suis pas d’accord avec ce constat, mais en plus j’incarne la preuve vivante qu’il est complètement faux ! Être freelance peut être subi (quand on cherche à tout prix un CDI), où être un véritable choix de vie. C’est celui que j’ai fait il y a plusieurs années maintenant et je ne suis pas près à faire une croix dessus ! En revanche, cela demande pas mal d’organisation et de ne pas tomber dans certains pièges.
Un freelance, ça gagne mal sa vie : VRAI (et faux)
Je ne vais pas vous mentir, lorsqu’on travaille comme freelance, on ne gagne pas des montagnes d’argent. À moins d’être particulièrement doué dans un domaine très pointu et de pouvoir vivre de grosses commandes, votre salaire moyen restera… moyen ! En revanche, la véritable force du freelance est de pouvoir multiplier les boulots. J’ai mis longtemps à réaliser ça, je ne voulais faire qu’une seule mission à la fois de peur d’être débordé… Erreur stratégique ! Spécialisez-vous dans différents domaines, et attaquez la montagne par tous les fronts ! Pris individuellement, chacun de vos boulots ne rapportera pas énormément d’argent, mais mis bout-à-bout, vous verrez que le score sera plus d’honorable !
Comme freelance, je n’ai pas droit au congé maternité/paternité : FAUX
Quel que soit votre statut vous avez toujours droit au congé maternité ou paternité. Je parle uniquement pour ce que je connais, pour les autres statut vérifiez auprès de vos caisses de cotisation, ou par défaut, auprès de la Sécu.
Journaliste Pigiste : Si votre employeur n’est pas un voleur, vous touchez votre salaire assorti d’un bulletin de paie. Par conséquent, vous cotisez comme tout le monde et à ce titre la sécu vous paiera votre congé. Vous devrez faire remplir un formulaire à votre employeur, et joindre au dossier vos 6 derniers bulletins de paie (de mémoire). Pour les pères, cette démarche est à faire dans les 4 mois après la naissance de votre enfant. Vous toucherez alors une prime sur la moyenne de votre salaire journalier.
Auto-Entrepreneur : Si l’auto-entreprenariat est votre seule source de revenus, le RSI vous paiera votre congé maternité/paternité sur la base de vos revenus journaliers moyens. Je ne connais pas la démarche précise, mais je sais que ça existe. Ne passez pas à côté de cette opportunité de lever le pied !
Je suis Freelance et je bosse de chez moi, pas besoin de garde d’enfant : ARCHI MEGA FAUX !
Garder un enfant est un boulot à plein temps qui n’est absolument pas compatible avec une quelconque activité. Les quelques occasions où j’ai dû garder ma fille, mon niveau de productivité est tombé en flèche ! Ne vous dites pas que vous pourrez faire l’économie d’un assistante maternelle ou de la crèche et espérer continuer à travailler au même volume qu’avant… ce serait parfaitement illusoire !
Par ailleurs, si vous optez pour une garde de votre enfant, faites en sorte qu’elle ne se passe pas chez vous, à moins de posséder une dépendance parfaitement isolée en guise de bureau. En ce qui me concerne, mon bureau est dans le salon, c’est-à-dire la pièce à vivre principale… Il était donc impensable que la garde puisse se faire chez nous.
En tant que Freelance, je vais mieux m’adapter à l’arrivée du bébé : COMPLETEMENT VRAI !
Lorsque ma fille est née, je m’attendais à être réveillé 3 fois par nuit et donc à être super fatigué comme tout jeune père qui se respecte. Il se trouve que ma fille m’a bel et bien réveillé 3 fois par nuit, en revanche, j’étais plutôt en forme en journée. Mon secret ? Le freelance n’a pas d’horaire ! Votre nouveau-né vous a volé une heure ou deux pendant la nuit ? Pas de problème, il vous suffit de dormir 1h ou 2 de plus le matin ! Tant que vous rendez votre boulot en temps et en heure, vous êtes libre de toutes contraintes. Les jeunes papas les plus en formes sont donc les Freelances ! Encore mieux… Si vous avez un coup de bourre sur vos dossiers, tout est à domicile. Et ? Eh bien, en ce qui me concerne, j’ai passé pas mal d’heures au milieu de la nuit à bercer ma fille tout en continuant mon boulot (merci l’ergo-baby d’ailleurs !). J’ai même apprécié ces moments de calmes à la fraîche où j’étais hyper productif, tout en passant un moment agréable avec mon bébé.
Papa et freelance = une suite de couches plus agréable pour la mère : VRAI
Notre société est mal faites car elle oblige les pères à retourner très vite au boulot, laissant les jeunes mamans seules à la maison pour s’occuper de toutes les tâches et du bébé. Elles n’ont plus de temps pour elles, et dans ces conditions se remettre de l’accouchement prend du temps. Cette période peut-être particulièrement mal vécue lorsque l’enfant est difficile. Dans notre foyer, les choses se sont passées différemment parce que nous avons formé une équipe complémentaire. Le deal était le suivant : La journée, je bossais un maximum mais si besoin j’assurais la garde de notre fille pour quelques heures. Cette liberté supplémentaire pour ma femme lui a donné la possibilité de se reposer plus souvent, de s’occuper d’elle, d’aller faire du sport, bref non seulement de se remettre plus vite… mais également de passer des entretiens d’embauches et de changer de job avant la fin du congé maternité. Si votre job vous le permet, demandez à télé-travailler pendant la période du congé maternité de votre femme, vous y gagnerez tous les deux !
L’arrivée de mon enfant va chambouler ma vie : VRAI (mais souvent pour le mieux)
Oui, un enfant, ça change la vie… mais globalement pour le mieux ! Dans mon cas, pour des contraintes professionnelles, ma femme n’a pas la possibilité de pouvoir accompagner notre fille le matin chez la nounou, ni d’aller la chercher le soir. C’est donc moi qui m’en occupe, et c’est une des meilleures choses qui me soit arrivé professionnellement parlant depuis toutes ces années ! Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela… Tout d’abord, ça me donne des horaires fixes à ma journée de boulot. Elle commence à 9h et se termine à 18h. Je pensais que je n’allais jamais pouvoir faire tenir la même dose de boulot qu’avant dans un laps de temps réduit (je bossais sur une plage horaire beaucoup plus grande avant), mais en fait c’est l’inverse. Le fait de savoir que ma journée est chronométrée me permet d’être plus productif, et mieux organisé qu’avant. Le second point, c’est que je sors beaucoup plus qu’avant de chez moi ! Chaque matin et chaque soir j’ai 30 min de marche à pied, ce qui me permet de prendre l’air et de réfléchir. Cette promenade est souvent l’occasion pour moi de préparer le boulot de la journée, d’organiser mes choses à faire et de laisser libre cours à mon imagination pour trouver de nouvelles idées. La contrainte est donc devenu, pour moi, un avantage significatif !
Conclusion
Je suis parfaitement conscient que toutes ces choses ne seraient pas possibles si je n’étais pas freelance. En revanche, si j’ai su m’adapter aux contraintes de cette carrière, je sais que ce n’est pas un choix de vie qui peut correspondre à tout le monde. Mais si vous êtes déjà freelance ou télé-travailleur, alors n’hésitez plus à faire cet enfant, vous avez toutes les armes en main pour que tout se passe pour le mieux !
bon article, maintenant t’es prêt pour un second bébé 🙂
Super article!
Moi, c’est pire, j’ai 35 ans, et j’ai jamais recherché un CDI:-)
Voilà des perspectives qui remontent le morale en cette période de stress (suis en pleine grossesse). Si cela peut aider,en étant auto-entrepreneure on a bel et bien des aide. Il faut envoyer au RSI les documents de la déclaration de grossesse. Ils vous envoient des fascicules très bien fait ainsi qu’un petit livret avec des feuilles à détacher selon son profil et les dates d’envoi afin de faire les demandes.
Je viens de lire l’article et m’y retrouve complètement, même si je défend depuis longtemps que le fait d’être free permet de vivre comme tout le monde et pour ma part mieux que tout le monde car on a le temps ! Bien sûr il faut être organisé et je pense que c’est ce qui pêche chez ceux qui pensent ne pas pouvoir avoir une vie de famille en tant que freelance. Bref, perso je viens d’avoir une petite Lilou et je ne me suis jamais aussi bien sentie dans mes baskets ! J’ai également la chance d’avoir le papa freelance comme moi ce qui nous laisse tout le loisir de bosser et de profiter pleinement de notre bébé 🙂 !
Excellent article.Tres réconfortant
Merci pour ce témoignage optimiste qui se démarque des idées reçues et qui fait du bien au moral